Pierre Labrousse

† Honoraire / Histoire / IndonésieInstitution de rattachement principal : Centre Asie du Sud-Est

Pierre Labrousse nous a quittés vendredi 15 mars dernier en milieu de journée dans sa 84e année. On retiendra de sa carrière qu’il aura été l’homme de deux projets.

 

Le premier est lexicographique et porte sur l’indonésien contemporain. Engagé dès la seconde moitié des années 1960 avec son épouse Farida Soemargono (Kamus dasar Perantjis-Indonesia, Bandung : Ananta, 1969), il a donné naissance à une thèse (« Problèmes lexicographiques de l’indonésien », 2 vol., Paris : Langues et Civilisations Orientales, 1975) puis au Dictionnaire général indonésien-français (en collaboration avec Farida Soemargono, Winarsih Arifin et Henri Chambert-Loir, Paris : Archipel, 1984), dont il avait assuré lui-même la composition. Il poursuivra ensuite ses recherches lexicographiques en vue d’une seconde édition de ce dictionnaire, et travaillait encore peu avant sa disparition, à un projet de publication en ligne du considérable matériau accumulé. Son activité d’enseignement de l’indonésien à l’INALCO (1975-2002), en partie fondé sur ces recherches, a été l’occasion pour lui de fonder véritablement l’enseignement de cette langue en France.

 

Le second projet est la revue Archipel, créée en 1971 avec Denys Lombard et Christian Pelras. Cette revue à vocation aréale et pluridisciplinaire est devenue au fil de ses 53 années d’existence, une publication de référence sur le monde insulindien, en France comme dans tout le monde de la recherche de pays où ces études sont particulièrement développées (Pays-Bas, Grande Bretagne, Etats-Unis, Australie, Indonésie, bien sûr). Pierre Labrousse a consacré à cette revue et à l’association Archipel qui la publie bien plus que son temps et son énergie. Il a contribué à la porter, y compris financièrement, et l’accompagnait encore il y a peu.

 

Pierre Labrousse avait deux autres centres d’intérêt scientifique qui ne l’ont jamais quitté, tout d’abord les textes de voyageurs français en Insulinde et, plus largement, les publications en français, toutes formes confondues, sur le monde insulindien, dont il avait établi une immense bibliographie. Ensuite, la peinture moderne et contemporaine indonésienne, dont il avait découvert les peintres pendant son séjour à Bandung, avec lesquels il avait su nouer des liens personnels.

 

Enfin, Pierre Labrousse était un homme d’une grande modestie, d’une remarquable constance dans les engagements, un homme de qualité. Ses collègues et ses anciens étudiants savent tout ce qu’ils lui doivent : plus qu’on ne saurait le dire en ces quelques lignes.

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