Type d'événement, date(s) et adresse(s)Journée(s) d'étude

Inalco - Maison de la Recherche - Auditorium Dumézil (2, rue de Lille – Paris 7ème)

Journée Paul Mus actuel (II) « Ce que porte le sol asien » Paul Mus et la fabrique de l’ethnologie

« Ce que porte le sol asien » Paul Mus et la fabrique de l’ethnologie

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Journée Paul Mus 2023

Contrairement à l'annonce faite sur La Lettre du CASE, la journée se déroulera uniquement en présentiel

 

 

Paul Mus actuel (II) « Ce que porte le sol asien » Paul Mus et la fabrique de l’ethnologie

La société des amis de Paul Mus vous convie à la journée d'étude Paul Mus actuel (II)

« Ce que porte le sol asien » Paul Mus et la fabrique de l’ethnologie

Journée d’études sur l’œuvre de Paul Mus
 

Pour cette deuxième édition des journées « Paul Mus actuel », la Société des Amis de Paul Mus propose d’étudier les relations qu’entretint l’orientaliste avec l’ethnologie de l’entre-deux-guerres, tout comme celles que les anthropologues, singulièrement ceux qui exercent en terrain sud-est asiatique, nouèrent et continuent de nouer encore aujourd’hui avec certains de ses écrits, et comment ces relations ont contribué ou contribuent à structurer le champ des sciences sociales dans cette aire culturelle.


De telles relations ne sont en effet pas dénuées d’ambiguïtés, au point qu’on a pu considérer Mus tour à tour comme un disciple de Marcel Mauss, un introducteur des thèses de Lucien Lévy-Bruhl sur la « participation » dans le domaine de l’orientalisme, ou encore un précurseur de l’anthropologie culturelle de Clifford Geertz. Cette réception contradictoire tient à l’usage spécifique que fit Mus de l’ethnographie comme de la théorie ethnologique de son époque, enrôlées toutes deux au service d’une histoire de la représentation du divin en tant qu’elle modèle les sociétés sur le temps long, mais cela tient peut-être aussi à l’usage de ses écrits par les anthropologues de l’Asie du Sud-Est, ou plus largement, de l’Asie des moussons, lequel procède d’une démarche parfois plus illustrative et roborative qu’analytique ou critique, favorisée il est vrai par la puissance agissante de l’herméneutique mussienne.

Le périmètre de ces relations se dessine à travers les grandes lignes de la biographie du savant aussi bien qu’à travers l’accueil globalement chaleureux que les anthropologues ont réservé à certains de ses écrits. Rappelons-en les principaux jalons : Paul Mus est tout d’abord un « asien » parmi les orientalistes, c’est-à-dire qu’il a fréquenté, depuis sa prime enfance, le terrain asiatique, tout particulièrement vietnamien, de l’arrière-monde de la domesticité aux cercles élitaires, lettrés et politiques, en passant par le monde villageois, ceci en tant de paix comme en temps de guerre. Cet « observateur privilégié » s’est ensuite formé à l’école ethnographique de Marcel Mauss, avant d’aller lui-même réaliser un terrain en pays cham (1927 ; 1934), en même temps qu’il formule sa première critique de l’oeuvre de Lucien Lévy-Bruhl, essentielle, en complément de sa lecture des sinologues, dans sa définition des « dieux du sol » comme étant au coeur d’une religion de l’Asie des Moussons, dont la relative unité culturelle tient dans la croyance aux esprits, distincte d’un animisme « primitif » (1933) ; c’est fort de ce terrain qu’il reviendra en métropole disputer les thèses de Lucien Lévy-Bruhl devant la société de Philosophie (1937), tout en fréquentant l’Institut d’ethnologie où il fit paraître sa thèse d’indianisme, qui recourt au concept de « participation » comme à la « paléo-ethnographie » pour expliquer la transmigration bouddhique (1939), avant d’y prodiguer des cours en 1946. Installé au Collège de France la même année, Mus s’engage contre la guerre coloniale franco-vietnamienne en publiant articles et ouvrages en grande partie fondés sur son expérience du terrain. L’année du centenaire de la naissance de Lévy-Bruhl, il revient en détail sur son oeuvre à laquelle il dédie son cours de 1957-1958, alors même que s’en opère une relecture phénoménologique qui rejoint sa propre critique du philosophe. Dans la seconde moitié des années 1960, il révolutionne enfin l’anthropologie politique du bouddhisme contemporain par des études de cas vietnamien et birman (1965, 1966, 1968).

Déjà citée outre-Atlantique (Robert Heine-Geldern, 1942), c’est à partir des années 1950 qu’une petite partie de son oeuvre intègre la bibliographie des anthropologues français spécialisés sur l’Asie du Sud-Est, pour ne plus en sortir. À sa mort, en 1969, pas moins de trois anthropologues publient un hommage en forme d’in memoriam (Guy Moréchand, Paul Lévy, Georges Condominas). Sa compréhension du bouddhisme de la Péninsule indochinoise inspira en partie l’anthropologue Stanley Tambiah (1976). Ce sont enfin des anthropologues qui animèrent la première Société des Amis de Paul Mus (1987), dont la présente SAPM est la continuation, et qui éditèrent certains de ses textes inédits (1977, 1987, 1988). Le point nodal de ces relations, si l’on cherche à leur donner corps, se trouve sans doute dans son article publié dans le Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient de 1933 sous le titre Cultes indiens et indigènes au Champa puis réimprimé en tiré à part précédé du titre L’Inde vue de l’Est (1934). Texte le plus cité de Mus, traduit en anglais (1975), en malais (1988) et en khmer (2004), il vient étayer nombre de raisonnements d’anthropologues portant sur les contacts culturels entre l’Inde ou la Chine et l’Asie du Sud-Est, ou sur les cultes chthoniens. À leur suite, archéologues et historiens y ont souvent recours pour illustrer la sociologie religieuse des mondes anciens. Il n’est pourtant qu’un jalon d’une pensée aussi complexe qu’évolutive présenté de surcroît sous la forme d’un verbatim à peine augmenté d’une conférence grand-public, prononcée au Musée Louis Finot, à Hanoi. Devenu paradoxalement emblématique de son oeuvre, il l’est aussi de l’ambiguïté des relations qu’entretiennent les anthropologues, et lato sensu les spécialistes de l’Asie du Sud-Est, avec les travaux de celui qui se décrivait comme un « simple historien des religions ».

C’est à dissiper cette ambiguïté qu’enjoint la présente journée d’étude, en réunissant des praticiens de diverses disciplines – anthropologie bien sûr, mais aussi archéologie ou histoire – concernés par ces thématiques, centrales chez Mus, que sont la représentation du divin et celle des échanges culturels au sein de l’Asie des moussons.


Avec le soutien du Centre Asie du Sud-Est (UMR 8170) de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (UMR 8582).

Retrouvez plus d'informations et la programmation dans le document ci-dessous. 

Inscription requise : societedesamisdepaulmus@protonmail.com

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